C'est la mode ! Des myriades d'étudiants et d'étudiantes, d'adolescents qui viennent de voir pousser leur premier poil au cul veulent faire des études de "tourisme durable, équitable, responsable, etc."... Si l'intention est louable, il convient d'analyser la situation actuelle de ce secteur, son impact réel et ses perspectives.

Qui n'a jamais vu sur les marchés bobo des grandes villes d'Europe la prolifération des stands se réclamant du "commerce équitable" ? Le commerce équitable sur nos marchés européens ce sont généralement quelques gentils voyageurs qui se disent dans un éclat d'ingéniosité : "tiens, je vais faire du commerce équitable". Alors ça part d'une bonne intention et ça commence souvent par la création d'une association, d'un voyage et d'un semblant d'organisation. Ca se finit sur les marchés de commerce équitable qui fleurissent sur les places publiques de France et du reste de l'Europe... Sans aucun contrôle évidemment sur la réelle "équitabilité" de ce business. Car le plus souvent, il n'est pas déclaré en France, mais il n'est pas déclaré non plus dans les pays de production. Bref, c'est du black, du début jusqu'à la fin de la chaîne avec toute la précarité et l'illégalité qui en découlent...

La question à se poser est donc la suivante : Qu'est-ce qui est le plus équitable ? Le petit thaïlandais de 15 ans qui bosse dans une usine Nike de Chang Maï pour fabriquer des baskets vendues dans un magasin Eram de Marseille ou Mamadou qui fait fabriquer des colliers afro par des apprentis non payés sur commande d'une donneuses de leçon altermondialiste qui fait son business sur les marchés de France ?

La réponse, généralement, on la trouve en demandant au Thaïlandais de 15 ans qui bosse dans l'usine Nike de Chang Maï s'il voudrait échanger sa situation avec les travailleurs du "commerce équitable" sauce gonzesse altermondialiste qui se rase pas sous les bras (bon, on caricature on sait, mais à peine et ça fait du bien...).

Hé bien, le tourisme "équitable ou durable" au Burkina Faso, fonctionne de la même manière que ces commerces équitables. Et ceux qui se pointent dans le campement rastafaraï du coin en se disant que ce sera plus profitable à la population locale que refiler son fric à un des quelques rares "grands hôtels" du pays se trompent très clairement : ce ne sera profitable qu'au gérant et à sa famille. Aucunement aux employés qui rêveraient de travailler au Sofitel de Ouaga 2000...

Fadiouth : le tourisme ( durable ? ) a permis de restaurer les greniers à mil

Le Burkina Faso a un système de protection sociale complet et performant. Même si les prestations n'atteignent pas des sommets, un salarié Burkinabè déclaré cotise pour sa retraite, pour sa sécurité sociale et celle de sa famille. De plus, le code du travail règlemente le travail (horaires, salaires, congés, etc.) même si son application stricte est rarissime.

Ainsi, la première question que devraient se poser des personnes honnêtes et intelligentes s'investissant dans la durabilité et l'équitabilité du tourisme est : "Suis-je en règle avec les lois garantissant des droits sociaux aux travailleurs ?".

Or non ! Justement pas ! 99% des commerces avec le Burkina Faso dits "équitables" et la même proportion de structures touristiques dites "durables" ne déclarent pas leur personnel, leurs ouvriers et ne contrôlent pas la chaîne de production pour voir si tous les maillons légaux sont solides ! Pourquoi s'emmerder avec des formalités n'est-ce pas ? On est entre nous ! Le Burkina, c'est si pratique : on peut tout faire "au(x) black(s)"...

Le résultat ce sont des centaines de touristes qui en toute bonne foi vont dans des auberges ou des campements "roots" ou se réclamant d'une quelconque aide sociale en se disant que leur argent sera plus profitable au pays alors que :

1 - le personnel n'est jamais payé correctement
2 - il n'est JAMAIS déclaré (ça c'est une règle)
3 - ses conditions de travail sont souvent plus déplorables que dans la quinzaine de grands hôtels de la place

On s'aperçoit donc qu'en terme de "durabilité" ou en terme "d'équitabilité", le Sofitel de Ouaga 2000 avec son sol en marbre, ses dizaines de femmes de chambres et de porteurs de valises et employant les mêmes salariés depuis sa création n'a de leçon à recevoir de personne car le personnel a une condition enviable grâce à un contrat de travail en bonne et due forme.

Il convient ainsi, quand on a la volonté de créer ce type de structure ou d'y passer quelques jours de vacances, de vérifier que tout le personnel est déclaré. Lorsque la femme de chambre n'aura pas à payer 500.000CFA pour faire hospitaliser son fils à l'hôpital ou lorsque le réceptionniste arrivé à 60 ans pourra percevoir une petite retraite sans vivre aux crochets de sa famille, ils s'apercevront tous deux de la "durabilité et de l'équitalibilité" du tourisme....

Il convient également d'avoir un esprit critique acéré sur ces nombreuses agences de voyages où tour operateurs qui se réclament d'un tourisme "durable" ou tout au moins "éthique". Car eux aussi fourmillent sans contrôle ! Quand eux-mêmes déclarent (rarement) leur personnel Burkinabè sur place, la situation de leurs sous-traitants est souvent proche du sordide. En effet, il faut savoir que la plus grosse partie du personnel sollicité par un TO opérant au Faso ("équitable" ou non) n'est pas directement employé par ce tour opérateur. Tous les abus sont donc possibles.

De bien grands mots donc que "tourisme équitable" ou "tourisme durable" alors que "respect du code du travail", terme certes moins bobo et moins poétique mais au combien plus concrêt, suffirait à améliorer la vie de bien des salariés du secteur du tourisme. Et ce respect du cadre légal, y compris sous le terme un peu fourre-tout de tourisme responsable ou durable, est devenu une nécessité.

Cependant on peut noter certaines initiatives organisées en dehors du cadre légal du travail mais sans but lucratif. Grâce à des associations ou à des projets communautaires, plusieurs structures d'accueil du type "tourisme intégré" ont vu le jour dans quelques régions du pays. Leur credo est de faire profiter au plus grand nombre et le plus sainement possible des recettes que le tourisme apporte au Sénégal. La plus grosse partie des bénéfices ainsi générés va à la réalisation de dispensaires, d'écoles, à l'achat de livres, à des campagnes de vaccination, etc... Outre cet aspect positif, ces structures offrent le plus souvent des prix défiant toute concurrence pour des hébergements sympathiques, sans prétention mais propres, confortables et parfois au charme très africain (Casamance, Siné-Saloum, etc...) : c'est le modèle des campements intégrés de Casamance.

Excepté donc dans ces structures de tourisme coopératives ou intégrées qui n'ont pas de but lucratif, dans le secteur largement bénéficiaire du tourisme sénégalais, ne pas déclarer son personnel c'est l'exploiter et hypothéquer la santé de sa famille et tout espoir de retraite. Si vous souhaitez faire du tourisme responsable si ce n'est équitable, choisissez donc en priorité les établissements respectant scrupuleusement le code du travail sénégalais. N'hésitez pas à demander aux employés s'ils sont déclarés (en langage plus clair pour eux, ont-ils ou non un contrat).

L'ECOTOURISME ET/OU LE FONCTIONNEMENT ECOLOGIQUE

Tout d'abord, il est bon de rappeler ce qu'est censé être l'écotourisme et notre propre définition :

L'écotourisme consiste en un tourisme écologique dont l'objectif principal est de profiter de la nature, des paysages ou d'espèces particulières (ex. lions ou éléphants au Kenya, observation de baleines), tout en respectant les écosystèmes. L'activité doit comporter une part d'éducation et d'interprétation, et aider à faire prendre conscience de la nécessité de préserver le capital naturel et le capital culturel. L'écotourisme doit avoir de faibles conséquences environnementales et doit contribuer au bien-être des populations locales.

Ecotourisme SénégalSi on s'en tient à cette définition officielle, de nombreuses structures sénégalaises sont "écotouristiques". Ceci dit, aller déranger les oiseaux du parc du Djoudj en pirogue n'est pas forcément très respectueux des écosystèmes : toute insertion touristique au sein d'un milieu sauvage n'est d'ailleurs jamais respectueuse de la nature... Et si l'on s'obstine à appeler cela de "l'écotourisme", comment appeler dans ce cas là le type de tourisme que le petit hôtel d'une grosse station balnéaire sénégalaise pratiquera en investissant dans les énergies renouvelables et en respectant son environnement ? La définition principale que NOUS donnerons à "écotourisme" c'est donc la tendance des structures touristiques et de leurs clients à adopter un mode de fonctionnement respectueux de l'environnement. Et là, tout devient clair, quantifiable et non sujet à polémique ! Il suffit de se poser la question suivante : "mon activité a t'elle oui ou non un impact grave sur l'environnement ?". Et là, très clairement le grand hôtel de Saly a un impact environnemental par touriste résident plus important que le petit campement rastafaraï de Kafountine...

Rejets des eaux usées dans la mer, consommation d'énergie hallucinante (climatisations, chauffage de l'eau, éclairages, etc..), déchets, consommation d'eau insultante (piscines, toilettes, sanitaires, arrosage des pelouses, etc...), activités nuisibles à la faune (jetski dans des zones protégées, quad, etc...) : la liste est trop longue ! Quant à l'impact visuel, parlons-en aussi : occupation sans contrôle du littoral, contructions bétonnées dans un pseudo-style local qu'ils ont été chercher dans leur imaginaire : on est très loin au Sénégal des normes internationales du bon goût !!! Il suffit de voir des établissements dit "de standing" à Saly pour prendre peur et se casser en courant. L'hôtel Lamantin par exemple, décrit comme le joyau de la station, a sans doute des normes de confort prestigieuses mais l'architecte qui a commis ce crime (y'a t'il eu un architecte d'ailleurs ?) a dû gagner son diplôme à la Lonase (loterie sénégalaise).

Cependant, dans ce concours de gâchis de ressources et d'énergie, les petites structures touristiques indépendantes ne sont souvent pas plus respectueuses que les grosses ! Leur impact peut même être parfois supérieur ! Un hôtel avec 10 chambres et une piscine va ainsi manger plus d'eau par touriste qu'un hôtel avec 50 chambres et la même piscine ! Sans compter qu'une climatisation de merde bon marché ou vieille comme la mort va consommer deux fois plus de courant qu'une clim récente (sans parler du bruit ....).

Après ce triste constat, il faut relativiser et ne pas non plus leur jeter la pierre, Pierre. Ces structures hôtelières et leur direction font partie d'une époque. Faire comprendre à tous que cela doit changer est cependant primordial ! Quand ils auront compris que faire fonctionner leur établissement écologiquement leur fera faire des économies tout en améliorant pour pas cher leur image de marque, alors ils fonceront tous dans cette voie.

Car les pistes pour tendre vers un fonctionnement respectueux des ressources et de la nature sont nombreuses. L'ensoleillement que connait le Sénégal permet notamment d'engager des économies d'énergie très importantes sans que l'investissement de départ ne dépasse celui d'un équipement électrique. Les technologies de chauffes-eau solaires par exemple sont aujourd'hui très efficaces et particulièrement adaptées aux structures touristiques. Sans compter la durée de vie du matériel (un chauffe-eau électrique au Sénégal a une durée de vie très courte du fait de la mauvaise qualité de l'eau qui bousille rapidement les résistances). Le fabricant de chauffes-eau ProSoleil installé au Sénégal produit ce type de matériels performants, économiques et peu chers.

  Voir notre article sur l'énergie solaire au Burkina Faso

Toujours au chapître des économies d'électricité, alors que l'Europe s'apprête à interdire les lampes à incandescance pour ne vendre que des ampoules économiques en énergie, le Burkina en est encore très loin. Il faut savoir qu'une ampoule basse consommation de 15W éclaire autant qu'une ampoule classique (dite "à incandescance") de 75W !!! C'est six fois moins de courant consommé ! Quand on voit le prix du courant au Burkina Faso et surtout le déficit énergétique que le pays connaît en raison de sa surconsommation (délestages, etc...), est-ce un luxe que de gagner de l'argent en consommant moins de courant ???

De même, de très nombreux systèmes peu coûteux et faciles à mettre en oeuvre permettent de faire de grosses économies d'eau : doubles-boutons pour la chasse d'eau (un bouton pour la grosse com' et un bouton pour la petite), pommeaux de douche brumisateurs qui en plus d'être plus agréables pour la douche permettent une consommation d'eau divisée par deux, etc.. sont de bons exemples. Ce type d'équipement ne coûte rien et pour un hôtel est rentabilisé en quelques mois (merde !!!). Un produit comme celui ci (à 18.000 CFA, 27€) permet de passer de 20 litres d'eau pour une douche de 4 minutes à 9 litres !!! Un système de chasse d'eau permettant lui aussi de diviser par deux ou trois la consommation d'eau ne coûte guère plus cher. Enfin, il est bon de noter que la plupart des grandes chaînes d'hôtels dans le monde ont instauré le "changement de draps sur demande" : les draps ne sont ainsi envoyés en laverie que si le client de la chambre en fait la demande. Et il est clair que la plupart d'entre eux ne demanderont pas le changement plus d'une ou deux fois par semaine (sauf en cas de tâches brunes sur les draps, ce qui arrive parfois au Sénégal en raison des amibiases).

Ainsi, on voit très nettement que sans rogner sur le confort, on peut facilement s'engager dans des économies de ressources et d'énergie sans pour autant retourner au moyen-âge : NON, un hôtel climatisé n'est pas une hérésie écologique. Et NON, la piscine d'un hôtel ne va pas vider les réserves d'eau du Sénégal. C'est avec des choix techniques invisibles du client que les efforts payent le plus. Consommer 2 à 3 fois moins d'eau (chasses d'eau, douches, arrosage, lavage hebdomadaire des draps) et 3 à 4 fois moins d'électricité (chauffes-eau solaires, lampes basse consommation, etc...), c'est simple et rapide à mettre en oeuvre. Cela n'empêche évidemment pas de sensibiliser le touriste avec par exemple une note sur la table de chevet expliquant quelles ont été les mesures mises en oeuvre par l'hôtel pour contribuer à la protection de l'environnement et de quelle manière le client peut lui aussi y apporter sa contribution (en appuyant sur le gros bouton de la chasse d'eau seulement quand il va faire caca ou en pensant à éteindre la climatisation en sortant de sa chambre).

VOUS ETES UN HOTEL OU UNE STRUCTURE TOURISTIQUE QUI VOUS ETES ENGAGE DANS DES DEMARCHES DE FONCTIONNEMENT ECOLOGIQUE ?
ECRIVEZ-NOUS si vous souhaitez figurer dans cette page ou avoir de la pub gratos sur Senegalaisement.com!!!!

Voir aussi le site du Projet Alizé qui grâce aux énergies renouvelables (et notamment l'éolienne) améliore la vie des populations du Nord du Sénégal

Voici quelques références d'auberges, de campements ou d'associations orientés vers le tourisme "équitable" ou l'écoutourisme :

Agences de voyages

Associations

 

Hébergements